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Note d’intention

Je t’écris du Paradis est le fruit d’une enquête menée sur nos ancêtres, auprès des vivants et dans les archives des morts.

En mêlant fragments de récits et tentatives d’incarnation, nous retraçons les vies de six aïeux. Leurs histoires sont parfois héroïques, souvent banales, la plupart tachetées de zones d’ombre. Au pied de nos arbres généalogiques, nous constatons la transmission partielle, incomplète ou altérée de nos aînés. À la lumière de nos doutes, nos jugements et nos rêveries, nous tirons les fils qui nous lient ou nous opposent à nos morts. Le temps d’un spectacle, les fantômes du passé s’incarnent dans les corps et les mots de leur descendance. Leur traversée commune du temps et de l’espace se fait le miroir imaginaire de nos propres vies.
À travers des formes textuelles et scéniques plurielles, la scène devient un médium de transmission. Du Congo à l’Irlande en passant par la Californie, l’Île aux Moines, l’Italie ou la Pologne, le théâtre de nos aïeux esquisse les problématiques universelles du XXème siècle, et révèlent les nôtres.

Du processus au texte

Le texte est une composition de fragments qui constituent une traversée à la fois individuelle et commune des personnages.
Le point de départ de notre recherche fut l’exploration d’une science un peu obscure et parfaitement controversée : la psycho-généalogie.
Développée dans les années 70 par Anne Ancelin Schützenberger, la psychogénéalogie analyse le conditionnement psychique d’un individu par les évènements et traumatismes vécus dans les générations le précédant. On héritait des traumatismes non conscientisés de nos aïeux dont la dette pèserait sur les générations à venir. Cette pratique nous a interpellée par sa dimension mystique. Nous avons poussé l’étude non comme un objet scientifique mais comme un matériau, terreau fertile pour nos imaginaires : Comment faire communiquer les couches du temps, du vivant, d’espaces et d’histoires pour constituer un récit ? Comment les “petites” histoires intimes rejoignent la grande Histoire, comment on passe du personnel à l’universel ?